L’entraineur est celui qui guide. Il donne la direction au groupe, montre la voie. Le football est devenu de plus en plus exigent, complexe et globale. Ceux sont ces aspects qui en font un sport passionnant et passionné.
Sur le plan technico tactique et athlétique, les avancées sont exceptionnelles depuis ces 20 dernières années environ grâce au développement des nouvelles technologies, des statistiques que l’on peut extraire et des méthodes toujours plus innovatrices. L’offre de formation de la FFF est toujours plus riche (certification, BMF, BEF et divers modules complémentaires), les sites internet, blog ou vlog sont toujours plus nombreux sur internet abordant les aspects du jeu, mais les aspects communicationnels sont (beaucoup) moins abordés. Peu de place est faites aux aspects ô combien important de la communication.
Car si l’entraineur se forme aux procédés d’entrainements techniques, tactiques, et athlétiques, se former sur la communication n’est pas une priorité. Certes, l’offre de formation est faible, et ceci n’est absolument pas une critique, mais je souhaite en toute humilité approfondir ce sujet qui me semble primordial.
« Les meilleurs entraineurs sont ceux qui tirent le meilleur de leurs joueurs aux niveaux technique, tactique mais surtout psychologique ». Fabio Capello.
Communiquer c’est quoi ?
Le terme communiquer est un verbe transitif. Petit rappel de primaire (ou découverte !), un verbe transitif possède un complément d'objet sur lequel s'effectue l'action désignée par le verbe.
Ce mot vient du latin communicare : « mettre ou avoir en commun »,
Mot formé de cum (ensemble, avec) et munis ou munia (charge, fonction).
Selon le Larousse :
· Faire passer quelque chose, le transmettre à quelque chose d'autre : Le Soleil communique sa chaleur à la Terre.
· Transmettre à quelqu'un un savoir, un don, faire qu'il ait ce savoir, ce don, cette qualité, etc. : Communiquer à ses enfants son savoir.
· Faire partager à quelqu'un un sentiment, un état, faire qu'il ait le même sentiment, qu'il soit dans le même état, etc. : Il nous a communiqué son fou rire.
· Faire savoir quelque chose à quelqu'un, le lui révéler, lui en donner connaissance ; transmettre, divulguer : Communiquer des renseignements confidentiels à un concurrent.
Communiquer, c’est donc être en relation avec l’autre et pour l’autre afin de lui confier quelque chose que vous possédez.
Si l’on schématise, ceci donne cela :
Source – émetteur – transmission du message - récepteur
Comment communique-t-on ? Par les canaux par lesquels nous percevons le monde :
· Visuel
· Auditif
· Kinesthésique
· Olfactif
· Gustatif
Complétons notre schéma
Source – canal X – transmission par un canal X – récepteur par un canal X
Ces échanges peuvent aller dans un sens comme dans l’autre. En fonction de votre type d’échange, il peut y avoir un retour (ou pas).
Etant donné que l’homme est un être sociable par essence, nous communiquons tout le temps. Car même quand nous pensons ne pas communiquer, nous transmettons quand même un message. La comm’ ce n’est pas que le langage. C’est la manière dont nous parlons, la gestuelle, la voix, les émotions, etc... Nous connaissons tous les 3 piliers de la communication : verbale, non verbale, paraverbale.
Communiquer est un exercice parfois plus difficile qu’il n’y parait et Bernard Werber l’a bien explicité par cette célèbre citation :
Entre
Ce que je pense Ce que je veux dire Ce que je crois dire Ce que je dis Ce que vous avez envie d'entendre Ce que vous croyez entendre Ce que vous entendez Ce que vous avez envie de comprendre Ce que vous croyez comprendre Ce que vous comprenez Il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même...
La communication, pilier de la relation entraineur-joueur
Ça y’est, vous prenez en main une équipe, ou vous retrouver votre équipe. Et là , vous entrez en communication avec elle. Vous avez surement réfléchi à votre projet de jeu, votre style de jeu, votre projet d’équipe et vie et d’autres aspects. Et maintenant, vous devez le leur dire. Alors comment fait-on ?
Vous avez déjà dû entendre dire « mais il ne comprend rien » ou « mais tu ne comprends pas ? » ou « quand vas-tu comprendre ? » (Peut être que certains d’entre vous se reconnaîtrons). Le sentiment d’être incompris provoque une sensation frustrante et hautement stressante.
Et là , le joueur (ou le groupe) en question est mort, car soit il perd totalement confiance en lui, se sent seul au monde car incompris.
Je vous rassure, je suis aussi passé par là . Car quand on débute, on procède par imitation de ce que l’on a vu ou vécu durant notre vie de footeux. On procède donc par expérience et principalement en style directif (information exclusivement descendante).
Si construire un projet d’équipe (projet de jeu, projet d’entrainement, projet de vie) peut être aisé, le transmettre est d’autant plus difficile. Sur cette question, les avis de quelques entraineurs professionnels qui ont fait leur preuve sont clairs :
Carlo Ancelotti : « Sans aucun doute, la faire comprendre aux joueurs. Élaborer une tactique n’est pas très compliqué. Le plus difficile est de transmettre. Tu dois être clair, simple».
Rafael Benitez : « Transmettre est ce qu’il y a de plus compliqué. Les entraineurs ont tous une idée sur la façon de faire jouer une équipe, mais savoir transmettre cette idée, c’est ce qui fera la différence ».
C’est d’ailleurs la comm' qui fera de lui un bon entraineur : « c’est la manière dont sera reçu le message qui déterminera si les joueurs adhèrent à votre management. La différence entre le bon et le moins bon entraineur se fait à ce niveau ».
Fabio Capello : « Les meilleurs entraineurs sont ceux qui tirent le meilleur de leurs joueurs, que cela soit au niveau technique ou tactique mais surtout psychologique ».
Extrait de Secrets de coachs de Daniel Riolo et Christophe Paillet.
L’entraineur, premier fusible.
Et oui, si un président peut difficilement virer 20 joueurs, il peut aisément virer un entraineur. Car quand les résultats sont bons, les joueurs (ou les joueurs vedettes) sont mis en avant. Mais quand les résultats plongent ou que les choses se passent mal, vous êtes sur la sellette car vous êtes et serez le seul responsable. Vous place sera en danger. C’est la difficile fonction d’entraineur.
Mettez toutes les causes de votre cotés pour performer et réussir.
La chance existe uniquement sur du court terme. Pour durer, vous devrez acquérir des compétences. Comme Didier Deschamps le dit, « le rôle de l’entraineur est de limiter le hasard ».
Un style principalement directif
La majorité des entraineurs adopte un style de management directif.
Ce style est caractérisé par une communication unilatérale, descendante. L’écoute d’autrui est faible voire inexistante. Cela est marqué par une absence d’ouverture d’esprit. On cherche à persuader le joueur que son point de vue est le meilleur.
Persuader signifie amener quelqu'un à croire, à penser, à vouloir, à faire quelque chose en jouant sur sa sensibilité, par voie de séduction. On est à 100% dans l’émotionnel et non dans l’argumentation raisonnée. Quel que soit le public (adulte, ado ou enfant), le coach impose un rapport adulte/enfant.
L’exemple le plus pertinent de ce style de causeries est Aimé Jacquet. Je vous invite à visionner les extraits du documentaire « les yeux dans les bleus ». Il ne s’agit pas de remettre en cause les compétences du sélectionneur champion du monde, mais plutôt d’émettre une critique objective sur son discours. Communication descendante, gestuelle dynamique et voix rythmée, Aimé est à 100% dans l’émotionnel. Les joueurs sont attentifs, certes, mais que pense-t-il ? Tête baissée et rentrée dans les épaules, on sent qu’un seule chose leur hâte, partir jouer.
« Les gars, aujourd’hui, on y va pour gagner hein ! ». Voila une de mes phrases préférées. En effet, je n’ai à ce jour jamais connu de joueurs entrant sur un terrain avec l’envie de perdre
3-0. Mais sinon, comment fait-on pour faire gagner ?
Les limites du style directif
Ce style de communication aujourd’hui ne peut plus être utilisé à 100%. Vous allez devoir faire preuve de beaucoup plus d’ouverture d’esprit car il est très limité en résultat à long terme.
En effet, vous pourrez certes obtenir un résultat rapide et efficace, mais vous ne solliciterez pas la motivation qui anime vos joueurs. D’autre part, vous ne prendrez pas en compte l’avis de vos joueurs, provoquant frustration et agacement. Dans le temps, leur estime de soi sera en baisse et leur performance aussi. Enfin, ce style provoquera un renfermement sur vous-même, dangereux lorsque vous devrez prendre des décisions (surtout en période d’échec).
Une fonction de VRP
Ça y’est, vous y êtes, vous avez travaillé dur sur votre projet et votre plan de saison. Vos séances sont préparées et vous êtes convaincu que votre méthode va marcher.
Mais vous êtes-vous demandez comment vous l’exposerez à votre groupe.
Si cela n’est pas clair pour vous, pensez-vous que cela sera clair pour vos joueurs ?
Une fois élaboré, votre projet devra toujours respecter ces 3 points. Il doit être :
1. Expliqué
2. Compris
3. Accepté
Et oui, vous allez devoir vendre votre offre. Si si, un entraineur, c’est un VRP. Tout au long de votre saison, vous allez devoir discuter, négocier, persuader, convaincre. Et pour vendre, vous devrez impérativement instaurer un climat de confiance.
Et comme tout VRP, vous devrez assurer le service après-vente : réclamation, mécontentement, imprévu, …
Si vous êtes un entraineur pour enfants ou adolescent, le travail est d’autant plus difficile car vous aurez également les parents à gérer.
Une saison est longue, éprouvante, et usante. Vous connaîtrez de nombreuses épreuves, durant lesquelles vous allez devoir user de votre talent de communicant pour réussir.
Je vous propose donc de me suivre pour de nouveaux articles qui vous aiderons à mieux comprendre les enjeux et les méthodes pour réussir.
A bientôt.
