Motivation motivation …
« Allez les gars, aujourd’hui hui on gagne »
« La victoire est à nous »
Voilà les phrases types censées motiver et transcender vos joueurs à l’approche de la compétition ou avant d’entrer sur le terrain. C’est aussi en appelant à des valeurs abstraites que certains entraîneurs motivent leur troupe : « faites preuves de fierté », « soyez des hommes », « mouillez le maillot ».
Quand les résultats tournent bien, que votre équipe se bat pour le titre de champion, vous pensez que la motivation est là , présente, ancrée dans le groupe.
Et quand les résultats ne tournent plus, vous vous dites que les joueurs (et le coach ?) ont perdu toute motivation. Alors pour la retrouver, plutôt que de se questionner et la chercher, on la trouve dans divers subterfuges :
- Sortie de groupe,
- Jeux ludiques à l’entrainement,
- Repas d’équipe
- Karting
- Canoé …
Certes les idées ne manquent pas et de nos jours, les nouvelles technologies et l’offre de divertissement est telle que nous n’avons que l’embarras du choix. Mais est-ce vraiment une solution ?
Pourquoi ne se préoccupe-t-on de la motivation que lorsque les résultats sont mauvais ?
Avant de répondre à ces questions, nous allons d’abord redéfinir des termes ô combien confus dans bien des tètes
La motivation, c’est quoi ?
Motivation vient du mot "motif", lui-même emprunté au latin "motivus" qui veut dire "mobile" et "movere" dont l'équivalent en français est mouvoir. Il signifiait en ancien français "ce qui met en mouvement".
C’est donc le moteur de l’action de vos joueurs. C’est la cause initiale.
Méditer sur la motivation, c’est répondre à la question pour-quoi et comment.
Le pour-quoi étant la cause, le comment est la manière d’y parvenir.
Quand un joueur joue, il faut vous demander dans quel objectif ? quel gain recherche-t-il ?
La motivation est composée de 2 éléments : un besoin – un objectif.
La motivation est intrinsèque à chaque individu.
Elle ne se manifeste pas de manière explicite mais à travers des symptômes positif (sourire, bien être, plaisir, etc..) ou négatif (fatigue, stress, tristesse, frustration, etc..). C’est donc l’état émotionnel de vos joueurs qui va permettre de mesurer le degré de motivation.
Ne pas confondre avec la stimulation …
La définition du dico est la suivante :
Rendre un sentiment, une faculté, une activité, une fonction organique plus intenses, plus vifs : Exemple : Les difficultés stimulent l'imagination. La lumière stimule la croissance des plantes.
Aiguillonner quelqu’un pour le faire agir.
La stimulation est donc un élément ponctuel et extérieurs à l’individu.
La motivation est extrinsèque à chaque individu.
Cela est aisé à mettre en place :
- Sortie de groupe,
- Repas d’équipe,
- Repos exceptionnel
- Prime de match,
- Karting,
- Canoé …
Prendre en compte et non prendre en charge
Bon nombre d’entraineurs motivent leurs joueurs à travers des discours généraux et globaux, en faisant appels à des valeurs tels que la gagne, le travail, la souffrance, la fierté, le maillot, les valeurs du club, etc.
Il faut impérativement individualiser la relation pour découvrir le ou les causes motivationnelles à travers des échanges formels, informels et vos observations.
Mon ancien entraineur disait « il faudrait que je sois psychologue » à propos de ma gestion de joueur. Et c’est par manque de compétence, gain de temps, ou absence d’intérêts, que l’entraineur ne prend pas le temps d’effectuer ce travail ô combien précieux. Et qui vous fera gagner du temps et améliorera le bien être de vos joueurs. Il s’agit là de prendre en compte vos joueurs et non de les prendre en charge. Prendre en compte ce qu’ils sont et ce pourquoi il joue.
Il y a bien une hiérarchisation des 2 processus. Nul intérêt de stimuler vos joueurs s’ils ne sont pas motivés. Si vous respectez cet ordre, la motivation sera la dynamique, et la stimulation sera vécu comme une récompense.
Le tout est supérieur à la somme des parties, Aristote
Pas tout à fait...Car si pour constituer une équipe imbattable, il fallait se munir uniquement des meilleurs joueurs, cela se saurait.
Pour prendre un exemple français, Aimé Jacquet et Didier Deschamps nous ont prouvé que cette théorie est en partie fausse (exception faites du Real des Galactiques), en écartant des joueurs individuellement très forts et pourtant non sélectionnés : Eric Cantona, David Ginola, Karim Benzema...
Cependant, on va prouver que cette citation utilisée par certains entraîneurs est valide à une seule condition : donner du sens.
Prenons les lettres I-O-T-N-A-V-T-I-O-M. En les additionnant dans un sens comme dans l’autre, la somme de ces lettres ne donne rien en soi.
Mais, c’est en les additionnant dans un but recherché que cela leurs donnera de la force. Le sens ici est de composer un mot censé.
Cette démonstration est analogue à celle de votre gestion du groupe. C’est en prenant en compte les motivations de vos joueurs que votre groupe sera plus fort et que vous réussirez à extraire le meilleur d’eux, le tout dans un projet que vous aurez construit. Parce que la motivation est le sens même de leur désir de jouer.
A vous de jouer.
Dans cette extrait, Roger Lemerre cherche à remotiver ses troupes après une défaite.
Un parfait contre exemple d'un management efficace.